L’AUTEUR – SA VIE
Complément aux Pensées éparses d’un rabat-joie (chapitre « Une vie »).
COMMENCEMENT
La mère poussa un cri déchirant.
Je m’engouffrai dans la brèche.
On attendait un heureux événement…
Et il parut.
L’auteur est le fruit des amours contrariées
d’une mère assistante sociale
et d’un père assisté social.
PÈRE et PASSE
L’auteur a tenu à rendre hommage à son géniteur :
Le père ! je n’ai guère eu le temps de le voir :
il n’a fait qu’entrer et sortir.
Le père se retira précipitamment
(il ne devait jamais revenir sur le lieu du crime),
mais trop tard pour m’épargner la vie.
Père,
votre fils craché,
votre fils vomi
comme du mauvais vin
– ce lait paternel -,
père, vient de déposer une formidable gerbe
sur la tombe du papa inconnu.
MÈRE et MANQUE
Elle est morte dans son sommeil,
mais dans le mien elle vit toujours.
Homme libre, toujours tu chériras la mère !
L’auteur n’a pas pu s’empêcher d’adresser un reproche à sa mère :
Maman m’a quitté.
Comment peut-on faire autant de mal à ceux que l’on aime ?…
Il avait vécu si longtemps au bord de la mère :
Trou normand :
On est allés à la plage.
Il y avait du sable et des genoux.
On a creusé un grand trou.
On l’a bouché avec maman.
On est rentrés, la mer montait.
CROISSANCE
L’auteur a connu une forte croissance (à deux chiffres) à l’adolescence :
J’ai grandi !
Enfin ! on ne me dit plus : « p’tit morveux ! »,
mais : « grand con ! »
Ne vous fiez pas à ma faible constitution :
je suis une force de la petite nature.
VANITÉ
Si l’auteur parle souvent de lui à la troisième personne,
c’est simplement
parce que les deux premières
ne l’écoutent pas.
J’ai une haute opinion de moi
et le courage de mes opinions.
Jusqu’à présent,
je n’ai eu qu’à me féliciter de moi.
Je me plais parmi moi.
Je m’aime,
et cet amour est partagé.
PRIÈRE
Le Votre Fils :
Mon Dieu,
Que mon nom soit sanctifié
Que mon règne arrive
Que ma volonté soit faite sur la terre…
AMERTUME
Je vais percer.
Ou crever.
Je voulais voir venir.
Je vois aller.
Je voulais être unique :
je suis seul.
LE MAL DU PAYS
Nul n’est poète en son pays.
NON-ÊTRE
Il n’y en a pas un comme moi.
Je donne le change ;
je simule une présence.
SOUVENIRS, SOUVENIRS
J’ai
connu
la faim,
le froid,
l’ennui,
la misère,
la défaite,
le dégoût,
l’injustice,
la maladie,
la solitude,
la détresse,
le camping,
le désespoir,
l’amertume,
l’humiliation,
la souffrance,
l’impuissance…
si mes souvenirs sont bons.
BILAN
Je n’aurai pas besoin de me jeter du dixième étage
pour
revoir
toute
ma
v
i
e
!
!
