Pour celles et ceux qui n’ont jamais connu l’humour…
Nous allons cueillir une pensée du bouquet « Pensées éparses d’un rabat-joie », page 22 (Max Milo) ou page 853 (La Pléiade)
« Si elle ne m’avait pas,
je ne sais pas
ce que je deviendrais. »
Ici l’auteur « confond » deux locutions de la vie courante :
Si elle ne m’avait pas,
je ne sais pas
ce qu’elle deviendrait.
Et
Si je ne l’avais pas,
je ne sais pas
ce que je deviendrais.
La première locution exprime la prétention, l’arrogance machiste.
Abel Castel est un Phallocrade de la pire espèce !
La seconde traduit l’humilité, la faiblesse, la dépendance.
Abel Castel est une poule mouillée !
Ainsi,
L’auteur affiche son arrogance (Si elle ne m’avait pas),
avant de laisser transparaître sa faiblesse (je ne sais pas ce que je deviendrais).
Il s’enfle, puis se dégonfle.
Comme une grenouille qui voudrait se faire aussi grosse qu’un taureau.
Même « déballonnage » avec cette pensée guillerette :
« Je lui ai proposé la botte…
elle m’a soumis le talon aiguille. »
(Où je pense)
Autre ambiguïté avec cette pensée en apparence tellement anodine :
« Il est de ces gens qui se prétendent vos amis,
mais que vous ne voyez jamais
que lorsque vous avez besoin d’eux. »
(Pensées à venir)
On voit bien là que l’aphoriste est comme l’homme selon Montaigne :
« C’est un subject merveilleusement vain, divers et ondoyant, que l’homme. Il est malaisé d’y fonder jugement constant et uniforme. » (Montaigne, Essais, I, 1.)
Mince alors !
Le sens de l’humour ne serait donc pas un sens unique…